Préhistoire de la vallée du Cher
Le paléolithique inférieur : -1 200 000 à -100 000 ans
Les nombreuses prospections dans le lit du Cher ont donné lieu à la découverte d’industries très anciennes que l’on peut attribuer d’après leur morphologie à l’homme d’Heidelberg (apparenté à la famille des Homo erectus).
Les outils les plus anciens sont confectionnés sur des galets par percussion directe. Divers types d’objets sont ainsi fabriqués :
- Les choppers avec enlèvements sur une face
- Les choppings-tools avec enlèvements sur 2 faces
- Les hachereaux à tranchant rectiligne
- Les polyèdres
Ces outils, trouvés dans la région de St Amand, peuvent être datés raisonnablement d’environ 600 000 ans. Ils servaient à broyer les os et à découper la viande.
La découverte de la symétrie permet de créer le biface. Cet outil à tout faire est le « couteau suisse » de la préhistoire. Trouvés dans le lit du Cher ils proviennent vraisemblablement des hautes terrasses attaquées au fil des siècles par le cours changeant de la rivière. Bien qu’ils ne soient plus in-situ, leur découverte est toujours émouvante.
Les traces d’habitat les plus proches datées de cette période (1 200 000 ans) sont situées au Pont de Lavaud à Eguzon (36).
D’autres outils de la même période ont été trouvés autour de St Amand-Montrond (Bruère-Allichamps, Cortel, Meslon, La Perche, La Roche).
Le paléolithique moyen : -100 000 à -35 000 ans
Habile chasseur et homme robuste, l’homme de Néandertal fréquente notre région vers -50 000ans.
Son outillage retrouvé disséminé le long de la rivière prouve sa grande maîtrise de la taille lithique. Les bifaces deviennent plus petits, les racloirs et les pointes sont typiques de la panoplie moustérienne exécutée sur éclats.
Le paléolithique supérieur et le mésolithique : -35 000 à -6000 ans
L’homme de Cro-Magnon qui succède à Neandertal vers -35000 ans produit un outillage sur lames. Les outils trouvés datent principalement du magdalénien (-15000 ans) époque de la chasse aux rennes pendant la dernière glaciation de Würm.
Des mammouths fréquentent alors les pâturages steppiques des bords du Cher. Quelques molaires retrouvées dans les alluvions témoignent de leur présence (La Tranchasse, Marigny, La Férolle, Bruère).
Vers -10000 ans la glaciation de Würm s’estompe. Les derniers mammouths remontent vers le nord de l’Europe pour disparaître. A partir de 10000 av. J.-C. le climat plus doux et plus humide redonne à la forêt toute sa puissance. Le renne a disparu et l’homme chasse le cerf, le chevreuil, l’aurochs et le sanglier grâce à l’arc. Les outils en silex sont petits (microlithes) et se montent en tant que composants sur des harpons et des flèches. La cueillette reste intensive, l’homme toujours nomade restreint néanmoins son aire de subsistance.
Appelée mésolithique, cette période se termine vers 6000 av. J.-C.
Le néolithique : -6 000 à -2 000
Les chasseurs-cueilleurs du mésolithique deviennent des paysans. Ils pratiquent la culture (céréales, légumineuses). Des molettes de broyage sont les témoins d’une activité meunière.
Les produits sont stockés dans des silos ou des vanneries qui seront remplacées par des poteries. L’élevage (moutons et chèvres puis bœufs et porcs) se développe.
Cet agriculteur continue néanmoins à aller à la chasse et à la pêche et s’adonne toujours à la cueillette.
Le polissage de la pierre est une avancée technologique, il donne des outils plus tranchants et réaffûtables.
La hache devient l’outil de prédilection pour défricher et aménager l’espace pour cultiver et construire des maisons. Cette époque marque le début de la sédentarisation avec l’apparition des premiers villages. Les perçoirs, grattoirs, pics, tranchets, pointes de flèches en silex sont très efficaces et spécialisés. Des ateliers de taille industriels permettent l’exploitation des matières premières comme le silex du Grand-Pressigny qui est commercialisé en « livres de beurre » sur tout le territoire. Des courants de troc vont ainsi voir le jour entre toutes les régions.
Aux environs de 4500 ans av. J.-C., des populations venues du sud de la France vont atteindre la région Centre en descendant les vallées de la Loire et de l’Allier. Elles s’installent en priorité sur les sites de hauteur tels que l’oppidum des Murettes sur la commune de La Groutte et le « champ de l’if » à Colombiers.