Le camp de César
Le site se présente comme un éperon, bordé au nord par la vallée du Cher, au sud par un vallon sec et fortifié vers l’est par un rempart transversal, haut de 4m long de 210m, qui délimite une surface d’environ 5 ha, à l’intérieur de laquelle étaient construits les habitats et les enclos.
Le « champ de l’if », autre site fortifié sur la commune de Colombiers, lui fait face.
Divers sondages et des fouilles archéologiques sont menés de 1966 à 1974.
Une coupe faite sur le vallum a permis la mise en évidence des divers stades de construction de l’ouvrage et la découverte de matériels archéologiques.
Au néolithique ancien, le rempart de terre et de pierres obtenu en raclant le plateau est surmonté d’une palissade de bois. Extérieurement un fossé le protège. Une porte centrale rentrante donne accès sur le plateau.
L’ouvrage est ensuite abandonné, le fossé se trouve ainsi comblé. L’ensemble sera remanié au néolithique moyen et final.
L’outillage néolithique est constitué de haches avec gaine, de tranchets, de burins, grattoirs et pointes de flèches.
La découverte de molettes de broyage est un témoignage de l’activité meunière.
L’os est travaillé par polissage (lissoirs, poinçons, ciseaux). La pêche reste une source appréciable de nourriture.
Des éléments de parure portés en pendentifs ont été recueilli : canine d’ours, dent de castor, plaquette en os et fossiles.
La poterie, de forme variée, parfois ornée de décors géométriques typiques du chasséen, atteste des divers courants commerciaux néolithiques qui traversent déjà la région.
Les restes fauniques (chien, bœuf, moutons ou chèvres) témoignent de la domestication.
L’âge du bronze : -2000 à -750 av J.-C.
Les échanges favorisent la diffusion du bronze (alliage de cuivre et d’étain).
Le rempart est surélevé avec d’autres matériaux. Une nouvelle palissade y est érigée. A l’avant de l’ancien fossé, un autre est creusé plus profondément.
Quelques pièces sont découvertes dans le lit du Cher (hache, pointe de lance et de flèche, épée).
L’âge du fer : -750 à -50 av. J.-C.
Au Hallstatt le rempart est à nouveau remodelé par l’édification d’un mur de pierres appareillées, bloqué à l’extérieur par un glacis en chaux calcinée.
A la Tène ; il est surélevé et un 2e mur parallèle est construit côté externe. Malgré la présence de fiches en fer, les fouilles (trop limitées) n’ont pu prouver de façon irréfutable l’existence d’un murus gallicus.
Des tumulus contemporains de cette époque ont été fouillés au XIXe siècle sur la commune voisine de Coust. Les sépultures recélaient des bijoux typiques de l’époque gauloise (torques, bracelets, chaînettes, fibules) et parfois des armes (poignards, épées).
L’ensemble du matériel archéologique est présenté dans la salle de préhistoire du Musée St Vic à St-Amand.
Le site est vraisemblablement abandonné dès l’installation de la Pax Romana (Paix Romaine) qui va permettre au site de Derventum (Drevant) de prendre son ampleur.
Une fouille générale programmée du site ne peut être que vivement souhaitée, tant la position du Camp de César situé à l’aboutissement des grands courants français de civilisation néolithique est capitale pour une meilleure compréhension de la période qui voit l’homme passer de l’âge de la pierre à l’âge des métaux.
Ce site est d’intérêt national pour la connaissance de notre préhistoire.